Bloup Bloup n°8 🫧 | Comment rendre nos concerts écolos ?

Entre tournées repensées, festivals vraiment verts et gestes simples du public, ce numéro explore comment profiter de la musique live tout en réduisant notre impact sur l'environnement. On retient surtout que soutenir les petites salles et les scènes indé, c’est aussi soutenir la planète ;) !

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« Aller voir des concerts dans des petites salles, c’est politique. » Dans un monde où l’on veut que tout soit plus grand, plus impressionnant ; où l’industrie musicale fait tout pour s’enrichir au détriment des petits artistes et de leur public ; surtout, dans un monde en pleine crise climatique, il est plus que temps de revoir notre manière de « consommer » de la musique. La musique est souvent considérée, par défaut, comme un bien de consommation car elle est créée au sein d’une industrie. Or, on sait que cette industrie, qui s’inscrit dans notre économie capitaliste est incompatible avec les enjeux climatiques.

1% des concerts capte 34% des recettes du live, nous rappelle le manifeste « Small is Better ». Vous l’aurez compris, il s’agit de mega-concerts qui engendrent de gros besoins logistiques et la venue de spectateur·ices sur des centaines de kilomètres.

Chez Poisson Vélo, vous le savez, on adore les concerts. Et on trouve que c’est intéressant de se poser des questions et de remettre en cause nos pratiques : quand on achète un billet pour un concert, à qui on donne réellement de l’argent ? Est-ce que notre trajet aller-retour impacte l’environnement ? Comment peut-on apprécier et soutenir nos artistes préféré•es tout en respectant la planète ?

Dans ce nouveau numéro de notre newsletter, nous essayons de vous donner quelques pistes de réflexion et quelques clés d’action. Pour ça, nous avons discuté de tournées « vertes » avec Mathilde Sallez, chargée de projet chez Better Live ; Elisa a rencontré Margot Desmons, journaliste chez Vert qui cartographie les festivals écolos et indépendants ; Lucyle vous a préparé un horoscope spécial sur nos petits gestes écolos en festival ; on a aussi un petit guide des bonnes pratiques à adopter en concert, l’agenda du mois et des places pour le festival Les Femmes s’en Mêlent à gagner ! 

✍️ – Lorène Bienvenu, co-fondatrice de Poisson Vélo 

Repenser les tournées musicales à l’heure de la crise climatique

Comment continuer à faire tourner les artistes sans faire tourner les compteurs carbone ? Alors que les concerts restent fortement émetteurs, la question d’une scène plus sobre devient incontournable.

C’est le défi que relève Mathilde Sallez, qui contribue à Better Live, un projet européen dédié à repenser la tournée musicale pour en réduire l’impact climatique. En imaginant des circulations plus cohérentes et des réseaux de salles mieux connectés, elle propose une nouvelle façon d’organiser la scène vivante.

Poisson Vélo est parti à sa rencontre pour comprendre comment la musique peut s’adapter à l’urgence écologique, tout en préservant son essence artistique.

Poisson Vélo : Quel est le point de départ du projet Better Live ?

Mathilde Sallez : Better Live est né d’une question simple : comment concilier la circulation des artistes avec les impératifs écologiques ?
Le projet, soutenu par le programme Europe Créative, réunit onze pays européens et une douzaine de structures actives dans les musiques jazz et improvisées. L’idée est de repenser la tournée musicale pour réduire l’empreinte carbone du secteur, sans sacrifier la vitalité artistique.

Concrètement, cela passe par la création d’un réseau européen de lieux partenaires qui mutualisent leurs ressources et leurs programmations. Les artistes peuvent ainsi enchaîner plusieurs dates dans une même région plutôt que de traverser l’Europe pour une seule date. Ce modèle cherche à limiter les déplacements, principale source d’émissions dans le spectacle vivant.

PV : Qu’est-ce qui rend cette transition difficile ?

MS : Les tournées reposent sur des habitudes profondément ancrées : la course à la visibilité, la concentration des concerts dans les grandes villes, et une logistique souvent pensée à court terme.
Réduire l’empreinte carbone suppose donc de
changer la manière de produire et de programmer, ce qui bouscule beaucoup de pratiques. Certains artistes ou diffuseurs restent attachés à des tournées plus “classiques”, tandis que d’autres voient dans ce modèle une chance de renforcer le lien avec les territoires.

Un autre frein, c’est le temps et la coordination nécessaires pour faire coïncider les calendriers, les budgets et les disponibilités des partenaires. Malgré tout, depuis 2023, le projet a permis d’organiser plus de 260 concerts dans onze pays, une preuve que d’autres manières de tourner sont possibles.

PV : Comment le public peut agir à son échelle dans cette transition ?

MS : L’empreinte carbone d’un concert ne vient pas seulement des artistes : les déplacements du public en représentent souvent la plus grande part. Better Live agit donc sur deux leviers.
D’abord, en décentralisant les concerts, pour rapprocher les artistes des publics. Ensuite, en menant un
travail de sensibilisation avec la campagne Small is Better, qui invite les spectateurs à privilégier les salles de proximité plutôt que les grands événements.

Derrière cette approche, il y a une conviction : aller voir un concert près de chez soi est un acte écologique et politique à la fois. C’est aussi une manière de soutenir les petites jauges, souvent menacées, et de défendre une vision plus locale et plus sobre de la culture.

✍️ – Lorène Bienvenu

Ces dernières années, de plus en plus de festivals se revendiquent verts. Derrière l’esthétique écolo, certains événements pratiquent surtout le greenwashing, tant il reste difficile de rendre réellement durables de grandes manifestations culturelles.

Pourtant, des acteur·ices travaillent à séparer les engagements sincères des effets d’annonce. C’est le cas du média Vert, qui publie chaque année une cartographie des festivals véritablement écologiques et indépendants, c’est-à-dire libres des grands groupes pollueurs et des empires médiatiques de milliardaires comme Bolloré.

Pour en parler, nous sommes allées à la rencontre de Margot Desmons, journaliste chez Vert et co-autrice de cette cartographie !

Et voici la cartographie de l’année 2025, réalisée par Margot Desmons et Justine Prados, journalistes chez Vert, en attendant l’édition 2026 ! Stay tuned :)

🎥– Elisa Verbeke, journaliste

Notre guide pour des pratiques spectateur·ices plus ecolos

Comment réduire son empreinte carbone en continuant d’aller à des concerts ? Il existe des façons simples de profiter de la musique tout en limitant son impact. Scènes indé, éco-riders, transports accessibles… On vous propose ce petit guide concret pour mieux écouter, sans renoncer au plaisir du live.

1️⃣ – Choisir les petites salles et les scènes indé

Si vous avez l’habitude de vous rendre dans des petites salles de concert, vous êtes déjà sur la bonne voie ! Les scènes indépendantes affichent souvent une empreinte énergétique plus faible que les grandes jauges, tout en programmant des artistes locales·aux, ce qui limite les tournées longues. La taille des lieux influence directement leur consommation électrique et logistique. Les fréquenter, c’est soutenir un écosystème culturel essentiel et contribuer à une pratique plus sobre de la musique live.

2️⃣ – Se déplacer en transports en commun, à vélo ou en covoit

Pas facile quand on n’habite pas en ville de se rendre à vélo dans une salle de concert à 50km de chez soi. Pourtant, les déplacements du public représentent généralement la part la plus élevée du bilan carbone d’un concert. Quand c’est possible, essayer de se rendre dans des salles desservies par les transports en commun ou accessibles à vélo réduit fortement l’impact global écologique et économique (pour soi). Et si ce n’est pas possible, le covoiturage reste une alternative efficace (et toujours économique pour soi) ! 

3️⃣ – Soutenir les artistes qui adoptent un éco-rider

En concert, les artistes transmettent aux organisateurs·ices un rider, c’est-à-dire une liste de produits dont iels ont besoin. Souvent ce sont des demandes de boissons ou de nourriture. Après les concerts, tout n’est pas consommé et parfois laissé pour compte. Une initiative serait ici de soutenir l’éco-rider, développé notamment par l’association Bye Bye Plastic qui propose d’en finir avec le plastique jetable en backstage. En assistant à des concerts d’artistes qui participent à ce dispositif, on encourage des équipes qui tentent de réduire l’impact du spectacle vivant de l’intérieur ! 

4️⃣ – Préférer les événements à taille humaine

Oui, il y a de supers artistes à Lolapalooza c’est vrai, on a très envie d’y aller. On ne vous apprend rien, mais les méga-festivals ont mécaniquement un bilan environnemental plus élevé. Pourquoi ne pas se laisser tenter par un festival écolo et/ou indépendant ? Le média Vert les répertorie dans une carte de la France pour trouver autour de chez soi les initiatives à soutenir ! 

5️⃣ – Adopter des automatismes simples 

Gobelet réutilisable, gourde, tri quand il existe, achat de merch raisonné : ces gestes modestes sont significatifs à l’échelle d’une soirée. Beaucoup de salles facilitent ces pratiques, notamment celles qui se dotent de dispositifs de réemploi ou de chartes environnementales. Le public n’a pas vocation à tout porter, mais sa participation rend possible une transition déjà amorcée dans le secteur.

✍️– Elisa Verbeke 

Pour célébrer nos petites salles de concert et vous les faire découvrir, on vous fait gagner des places pour Madam, Billy Nomates, Ojos et Maria Violenza qui jouent à l’occasion du festival Les Femmes s’en Mêlent ! Rendez-vous sur ce post Insta pour en profiter <3 

Pour retrouver la programmation - qu’on adore - du festival, c’est ici

✍️ – Zoé Pinet 
🎨 – Nina Decup

✍️ – Lucyle Espieussas, astrologue de Poisson Vélo
🎨 – Nina Decup

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With love, Poisson Vélo 

Cette newsletter a été réalisée par Elisa Verbeke, Lorène Bienvenu, Zoé Pinet, Nina Decup et Lucyle Espieussas.

Bloup Bloup 🫧 | La newsletter de Poisson Vélo

Par Poisson Vélo

Poisson Vélo, c’est le guide des nouvelles scènes rock et indé. C’est un fanzine sur les réseaux sociaux : féministe, visuel et indépendant.

Dans ses différents formats, Poisson Vélo te parle de musique, mais surtout du quotidien des artistes, de leurs influences, de leurs difficultés, du contexte politique et social dans lequel iels évoluent. À la manière des premiers fanzines, Poisson Vélo est un média DIY, inclusif et participatif. 

Aujourd’hui, l’équipe de Poisson Vélo est composée à 100% de femmes. Notre objectif est d’encourager les jeunes femmes et personnes sexisées à reprendre leur place dans les scènes rock et indé, des artistes aux actrices de l’industrie musicale, en passant par les personnes qui collaborent avec notre média.


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